L’Afrique, en pleine expansion démographique et industrielle, se trouve désormais à l’épicentre d’une crise sanitaire alarmante. L’air que respirent ses habitants, de plus en plus chargé de polluants, menace directement leur santé et exacerbe les effets dévastateurs du changement climatique.

Un rapport récent de Greenpeace Afrique et Greenpeace MENA révèle que les dix plus grandes sources ponctuelles de dioxyde d’azote (NO2) sur le continent sont des centrales thermiques, principalement situées en Afrique du Sud (9) et en Côte-d’Ivoire (1).

Cette concentration industrielle, conjuguée à l’urbanisation croissante et à l’utilisation de combustibles fossiles, a propulsé l’Égypte, le Nigeria et l’Afrique du Sud en tête des pays les plus pollués du continent, avec des conséquences désastreuses pour la santé publique.

Selon les données de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’exposition à des polluants atmosphériques tels que le NO2 et le dioxyde de soufre (SO2) peut entraîner des problèmes de santé graves, allant des maladies cardiovasculaires et pulmonaires aux complications pendant la grossesse, aux problèmes rénaux et aux cancers. Les particules fines (PM2,5), en particulier, représentent un danger majeur.

L’OMS recommande une concentration de PM2,5 inférieure à 5 microgrammes par mètre cube (µg/m³), mais la plupart des pays africains dépassent largement ce seuil. Le Tchad, en tête du classement mondial, enregistre une concentration de 91,8 µg/m³, soit plus de 18 fois la limite recommandée. La République Démocratique du Congo (RDC), en quatrième position, se situe également à un niveau préoccupant, avec 58,2 µg/m³.

Les causes de cette pollution sont multiples. Au Tchad, l’utilisation de combustibles solides tels que le bois et le charbon pour la cuisine et le chauffage est un facteur majeur. En RDC, la promiscuité urbaine, la gestion inadéquate des déchets, la qualité du carburant utilisé dans les véhicules et les émissions industrielles contribuent à la dégradation de la qualité de l’air.

Des recherches antérieures parues dans la revue « The Lancet Planetary Health » sont arrivées à la conclusion que l’air toxique (en particulier les particules et les gaz industriels et des transports, mais aussi des poêles à bois) a provoqué la mort prématurée d’1,1 million de personnes en 2019. À titre de comparaison, 650.000 personnes ont perdu la vie à cause des maladies liées au VIH-sida dans le monde la même année, selon des chiffres de l’ONU.

La Banque Mondiale, dans un rapport publié en mars 2025, souligne l’urgence d’agir. Selon leurs estimations, la pollution de l’air extérieur est responsable de 5,7 millions de décès prématurés chaque année, principalement dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Cependant, le rapport met en évidence que des politiques ciblées dans les secteurs de l’agriculture, du développement urbain, des transports et de l’industrie pourraient réduire de moitié le nombre de personnes exposées à des niveaux dangereux de pollution d’ici 2040.

La Banque mondiale recommande trois action pour un air pur, renforcer la gouvernance, améliorer la disponibilité des données sur la qualité de l’air et mobiliser des investissements privés en complément des ressources publiques. La coopération transfrontalière est également essentielle, car la pollution atmosphérique ne connaît pas de frontières.

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