L’urbanisation rapide et les projets d’infrastructures massifs transforment le paysage urbain africain à un rythme accéléré. Si cette dynamique est essentielle au développement économique et social du continent, elle s’accompagne également de la gestion des volumes considérables de déchets générés par les activités de démolition et de déguerpissement.

Les opérations de démolition, qu’elles soient motivées par des projets d’aménagement urbain, d’assainissement ou de relocalisation de populations, produisent une quantité de déchets mixtes, béton, briques, bois, métaux, plastiques, et parfois des matériaux dangereux comme l’amiante. Les infrastructures de gestion des déchets sont souvent sous-développées en Afrique, et ces débris finissent majoritairement dans des décharges à ciel ouvert, causant pollutions et risques sanitaires pour les populations.

La croissance démographique des villes africaines, estimée à un taux d’urbanisation annuel de 3,5% selon le Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), génère une pression constante pour la construction et la rénovation, et parfois, la démolition.
Un rapport de 2018 de la Banque Mondiale intitulé « What a Waste 2.0 », indique que les déchets de construction et démolition (C&D) représentent en moyenne 10% à 15% du flux total de déchets solides urbains à l’échelle mondiale. En 2016, la production mondiale de ces déchets était estimée à environ 1,3 milliard de tonnes. Bien que l’Afrique contribue moins à ce total que d’autres régions industrialisées, sa part croit rapidement. La même étude de la Banque Mondiale projetait une augmentation significative de la production totale de déchets en Afrique subsaharienne, qui devrait passer de 174 millions de tonnes par an en 2016 à 460 millions de tonnes d’ici 2050. Une part non négligeable de cette augmentation sera attribuable aux activités de C&D. Contrairement à l’Europe où les taux de recyclage des déchets C&D dépassent souvent les 70%, voire 80% dans certains pays, en Afrique, les infrastructures de tri et de recyclage sont encore limitées.

La transformation de ce défi en opportunité nécessite une approche multidimensionnelle, impliquant les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les institutions internationales. L’établissement de lois et de régulations spécifiques à la gestion des déchets de démolition inclut des permis de démolition conditionnés par un plan de gestion des déchets, des objectifs de recyclage et de réemploi, ainsi que des incitations fiscales pour les entreprises qui adoptent des pratiques durables (architecture, choix de matériaux).

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