L’incinération des déchets, présentée comme une solution pour réduire les émissions de carbone issues du traitement des déchets et comme une alternative aux sites d’enfouissement saturés, est loin d’être écologique.
Une étude récente révèle que d’ici 2035, l’incinération deviendrait plus nocive pour le climat que l’enfouissement. De plus, elle est une source importante de polluants atmosphériques toxiques. En brûlant les déchets, on ne fait pas disparaître le problème. Plus on incinère de déchets et de plastiques, plus l’environnement et la santé en pâtissent.
Il existe une corrélation entre les régions ayant recours à l’incinération et un faible taux de recyclage. Une enquête révèle que les incinérateurs à ciel ouvert sont trois fois plus susceptibles d’être érigés dans les quartiers les plus défavorisés.
En Côte d’Ivoire, le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MINEDD) a lancé un projet ambitieux pour verdir la stratégie nationale de gestion des déchets solides Médicaux et Pharmaceutiques (DMP) d’ici 2050.
Financé par le Fonds pour les Changements Climatiques en Afrique (FCCA) de la Banque Africaine de Développement (BAD) à hauteur de 327 000 dollars USD, le projet vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur de la santé et à améliorer la gestion des DMP. L’une des activités cibles était l’installation d’incinérateurs sobres en carbone pour les DMP. Néanmoins, nous pouvons constater que l’implémentation de l’initiative n’a pas encore fait l’œuvre d’une couverture nationale.
C’est en présence du Secrétaire Général de la préfecture de Bouaflé, M. Brahima Traoré et du Directeur Régional du Ministère du Commerce et de l’Industrie de la Marahoué M. Zou Kouamé Maxime, que 14 tonnes de produits prohibés ont été incinérés à ciel ouvert, le 28 février 2024. Cette action illustre certes, la volonté du gouvernement de protéger les consommateurs. Cependant, cette pratique soulève des questions environnementales importantes dont le rejet de gaz volatiles dans l’atmosphère.
L’incinération réduit incontestablement le volume des déchets dans une proportion de 90 % mais elle détourne aussi notre attention de potentielles solutions plus écologiques.
Assurément, le développement de technologies d’incinération plus propres, l’optimisation du traitement en fonction de la nature des déchets. La sensibilisation et formation des acteurs du secteur médical et la recherche et développement de solutions alternatives sont des actions d’accompagnement pour une gestion plus «verte» des déchets médicaux.
Un autre facteur important, reste la gestion des déchets pharmaceutiques par les populations.
Comment les consommateurs de médicaments disposent de ces derniers reste une question importante. Le retrait de produits pharmaceutiques prohibés est une solution nécessaire pour protéger la santé publique, mais elle doit s’accompagner d’une réflexion sur l’impact environnemental. L’adoption de solutions durables et l’investissement dans des technologies innovantes permettront de concilier la protection des consommateurs et la préservation de l’environnement.