Le concept de limites planétaires, introduit par Johan Rockström, un chercheur suédois et d’autres chercheurs internationaux en 2009, alerte sur les risques encourus si l’humanité dépasse certains seuils écologiques.
Ces limites, au nombre de neuf, correspondent à des changements dont le dépassement pourrait connaître des transformations irréversibles et dangereuses pour un développement durable. Ces changements pourraient compromettre la production alimentaire, l’accès à l’eau potable et la stabilité des infrastructures, affectant ainsi profondément le bien-être de l’humanité.
Les 9 limites planétaires
• Changement climatique
Le changement climatique, principalement causé par les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine, est l’une des limites les plus largement dépassées. La concentration de CO2 dans l’atmosphère a atteint en 2023 un niveau record de 420 parties par million (ppm), soit une augmentation de plus de 50% par rapport à l’ère préindustrielle. Le réchauffement climatique entraîne une élévation du niveau de la mer, une multiplication des événements météorologiques extrêmes et une acidification des océans.
• Érosion de la biodiversité
La biodiversité s’effondre à un rythme sans précédent. On estime que le taux d’extinction des espèces est aujourd’hui de 10 à 100 fois supérieur au taux naturel. La perte d’habitats, la pollution et le changement climatique sont les principales causes de cette crise. « La disparition d’espèces entraîne une diminution des services écosystémiques essentiels à la survie de l’humanité », tels que la pollinisation et la régulation du climat.
• Perturbation des cycles biogéochimiques de l’azote et du phosphore
Les activités humaines, notamment l’agriculture intensive, ont considérablement modifié les cycles de l’azote et du phosphore. Les excès de ces éléments nutritifs dans les écosystèmes aquatiques entraînent l’eutrophisation, c’est-à-dire une prolifération d’algues qui asphyxie les organismes marins. Près de 80% des zones côtières mondiales sont touchées par l’eutrophisation.
• Changement d’usage des sols
La conversion des forêts en terres agricoles ou urbanisées a entraîné une perte massive de biodiversité et une dégradation des sols. Plus de 70% des forêts tropicales ont déjà disparu. La déforestation contribue également au changement climatique en libérant du carbone stocké dans les arbres.
• Acidification des océans
L’absorption du CO2 atmosphérique par les océans entraîne une diminution du pH de l’eau de mer, un phénomène appelé acidification. Le pH des océans a diminué de 0,1 unité depuis le début de l’ère industrielle. Cette acidification menace la survie de nombreux organismes marins à coquilles calcaires, comme les coraux et les mollusques.
• Utilisation de l’eau douce
Les prélèvements d’eau douce pour l’agriculture, l’industrie et la consommation domestique ont considérablement augmenté au cours des dernières décennies. Près de 70% de l’eau douce prélevée est utilisée pour l’irrigation. Cette utilisation excessive entraîne des pénuries d’eau dans de nombreuses régions du monde et menace la biodiversité aquatique.
• Appauvrissement de la couche d’ozone
Grâce au protocole de Montréal (1987) qui a permis de réduire les émissions de Chlorofluorocarbones (CFC) responsables de la destruction de l’ozone stratosphérique, la couche d’ozone s’est reconstituée de manière significative. Cependant, des études récentes montrent que la récupération est plus lente que prévu dans certaines régions, exposant les populations aux rayons ultra-violets solaires nocifs pour la santé.
• Augmentation des aérosols dans l’atmosphère
Les particules fines en suspension dans l’air, provenant principalement de la combustion des énergies fossiles, ont des impacts négatifs sur la santé humaine et le climat. L’évaluation de la pollution de l’air tue environ 7 millions de personnes par an.
• Introduction d’entités nouvelles dans la biosphère
Les substances chimiques de synthèse, les organismes génétiquement modifiés et les nanomatériaux sont de nouvelles entités qui peuvent avoir des effets volatiles sur les écosystèmes et la santé humaine. Des milliers de nouvelles substances chimiques fabriquées par l’homme polluent de plus en plus notre planète.
En effet, depuis 1950, la production de ces substances a été multipliée par 50 ! Sur les 350 000 produits chimiques existants, très peu ont été testés pour connaître leurs dangers.
Par ailleurs, les humains polluent les océans avec des milliards de minuscules morceaux de plastique issus des déchets. Ces micro-plastiques sont ingérés par les animaux marins et finissent dans notre alimentation. Une étude révèle qu’un individu ingère environ 245 grammes de plastique par an, principalement par l’eau et la nourriture.
Le franchissement des limites planétaires semble inévitable. Cependant, la préservation des ressources de la Terre est essentielle pour maintenir un environnement sûr pour toutes les espèces et générations.
Les activités humaines sont directement responsables du franchissement des limites planétaires. Une prise de conscience collective est indispensable pour parvenir à réduire les émissions de gaz à effet de serre, et préserver le climat.
Toutefois, dans l’attente, il semblerait que jusqu’à février 2024, 6 de ces limites planétaires auraient déjà été dépassées (perte de biodiversité, cycle bio géochimique de l’azote et du phosphore, utilisation des terres, utilisation de l’eau douce et introduction de nouvelles entités). Une septième limite, l’acidification des océans, est également sur le point d’être franchie. (Source : Reporterre ;ESI ; Tp.Demain)
Image : 6 limites dépassées (2023)