La population africaine devrait atteindre 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050, entraînant une augmentation exponentielle de la demande en logements. Cette croissance urbaine majeure pose un défi crucial : comment construire des villes durables et respectueuses de l’environnement pour répondre aux besoins des générations futures ?
La Banque africaine de développement (BAD) a récemment plaidé pour une adoption plus large de l’architecture durable en Afrique, la qualifiant de pilier essentiel pour la transformation du continent. Cette nécessité a été soulignée lors des Assemblées annuelles 2024 de la BAD à Nairobi, au Kenya, qui ont réuni des dirigeants africains, des experts du développement et des représentants du secteur privé pour discuter des défis et des opportunités de l’Afrique.
Selon la BAD, l’Afrique est confrontée à une série de défis urgents en matière de développement, notamment la croissance démographique rapide, l’urbanisation croissante et les effets du changement climatique. Ces défis exercent une pression croissante sur les infrastructures et les ressources naturelles du continent, ce qui rend nécessaire une approche de développement davantage durable. De plus, selon Vincent Nmehielle, Secrétaire général du Groupe de la Banque africaine de développement « le financement du développement, tel qu’il a été structuré et déployé, ne favorise pas l’Afrique et le monde en développement, et il est donc nécessaire de le réformer. ».
L’architecture durable a l’ambition d’être une solution prometteuse. Elle consiste à concevoir des bâtiments et des infrastructures qui soient à la fois respectueux de l’environnement et économiquement viables. Cela peut se traduire par l’utilisation de matériaux durables, l’adoption de technologies d’efficacité énergétique et la conception de bâtiments qui s’intègrent naturellement à leur environnement.
Principalement, l’architecture durable permet de réduire considérablement l’impact environnemental des bâtiments. Les constructions durables consomment moins d’énergie, grâce à une meilleure isolation et à l’utilisation de technologies d’efficacité énergétique. Elles produisent également moins de déchets, en privilégiant des matériaux locaux et durables et en optimisant les processus de construction. De plus, elles protègent mieux les ressources naturelles en minimisant leur utilisation et en favorisant la récupération des eaux pluviales.
Ensuite, les techniques de construction utilisées en Afrique sont calquées sur celles des pays au climat tempéré, peu adaptées aux climats tropicaux et sahéliens. De ce fait, face aux impacts croissants du changement climatique, tels que les événements météorologiques extrêmes, les bâtiments durables sont conçus pour résister aux vents violents, aux inondations et aux températures extrêmes, protégeant ainsi les populations et les infrastructures d’éventuels dommages. Par ailleurs, l’industrie de la construction en Afrique, comme dans le monde entier, fait une exploitation excessive de la ressource non renouvelable qu’est le sable marin. Cette surexploitation entraîne la perte de biodiversité, l’érosion côtière, la baisse des nappes phréatiques et la salinisation des sols.
Enfin, l’architecture juste, contribue également à l’amélioration de la santé et du bien-être des occupants des bâtiments. En outre, les constructions durables offrent un environnement intérieur plus sain et plus confortable, grâce à une meilleure qualité de l’air, une gestion optimale de l’éclairage naturel et une ventilation adéquate.
La Banque africaine de développement promeut l’architecture durable sur le continent africain. En plus de plaider pour son adoption, elle met en œuvre des initiatives concrètes pour soutenir les efforts des pays africains dans ce domaine.
Parmi les initiatives de la BAD, on compte, « Le Fonds pour l’efficacité énergétique en Afrique (SEFA) ». Ce fonds finance des projets d’efficacité énergétique dans les bâtiments et les industries africaines. Son objectif est de réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre, tout en contribuant à l’amélioration du confort et de la santé des usagers;
« Le Programme pour la transformation de l’architecture des villes africaines (PATVA) », qui vise à promouvoir des pratiques d’urbanisme durable dans les villes africaines. En effet, il encourage la conception de villes plus compactes, inclusives et résilientes au changement climatique, en mettant l’accent sur l’utilisation de transports publics efficaces, la création d’espaces verts et la valorisation du patrimoine architectural local ;
Et, « Le Prix africain de l’architecture durable (AASA) », qui gratifie des projets d’architecture qui démontrent un engagement exceptionnel envers la durabilité. Il vise à mettre en lumière des réalisations exemplaires en matière d’architecture durable en Afrique, en inspirant d’autres architectes et promoteurs immobiliers à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Afin que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables (Objectifs de développement durable 11) pour les générations futures,Vincent Nmehielle indique que « l’Afrique doit améliorer sa gouvernance. Nous devons bien gérer nos ressources, savoir comment procéder pour minimiser le gaspillage des ressources… L’Afrique doit en arriver au point où elle considère la gouvernance comme un instrument important du développement économique ». (Source :BAD)