Le paludisme continue de ravager l’Afrique, où il représente un fardeau considérable pour les populations, les systèmes de santé et les économies nationales.

L’Afrique subsaharienne concentre à elle seule 95% des cas et 96% des décès mondiaux, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2020, 627 000 personnes, principalement des enfants de moins de cinq ans, ont perdu la vie des suites de cette maladie parasitaire.

Ces dernières décennies, des progrès significatifs ont été réalisés dans la lutte contre le paludisme grâce à l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide, de traitements combinés à base d’artémisinine et à l’amélioration des systèmes de santé. Cependant, ces avancées sont aujourd’hui menacées par l’émergence de résistances des parasites aux médicaments.

L’artémisinine, un composé extrait d’une plante et longtemps considéré comme un remède miracle, a joué un rôle déterminant dans la réduction de la mortalité liée au paludisme. Toutefois, l’utilisation intensive de ce médicament a favorisé l’apparition de parasites résistants. Des mutations génétiques conférant aux parasites une résistance à l’artémisinine ont été observées dans plusieurs régions d’Afrique, notamment en Éthiopie, au Kenya et en Ouganda.

Si la résistance à l’artémisinine se généralise, les conséquences seront désastreuses. Les traitements actuels deviendraient inefficaces, et le paludisme reprendrait du terrain, mettant en péril les progrès accomplis. On estime que 169 millions d’Africains ont été touchés par le paludisme en 2022.
Les impacts de la résistance aux médicaments vont bien au-delà de la santé publique. Ils ont également des conséquences économiques importantes, en réduisant la productivité des individus et des communautés, en augmentant les coûts de santé et en freinant le développement.
Plusieurs facteurs contribuent à l’émergence et à la propagation des résistances aux traitements antipaludiques. Tout d’abord, l’utilisation excessive et inappropriée des médicaments exerce une pression sélective sur les parasites, favorisant l’émergence de souches résistantes. La présence de médicaments contrefaits ou de mauvaise qualité sur le marché aggrave cette situation. De plus, les mouvements de population facilitent la propagation des parasites résistants d’une région à l’autre. Enfin, le changement climatique, en modifiant la répartition des vecteurs, peut favoriser la transmission du paludisme et compliquer la lutte contre la maladie.
Face à cette menace, il est urgent de mettre en œuvre des stratégies globales et coordonnées. Le renforcement de la surveillance est essentiel pour détecter rapidement l’émergence de nouvelles résistances. Par ailleurs, la recherche doit se concentrer sur l’étude des mutations, le développement de nouveaux médicaments et de vaccins plus efficaces. Enfin, la prévention reste un pilier fondamental de la lutte contre le paludisme. La distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide et l’amélioration de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement sont des mesures essentielles pour réduire la transmission de la maladie.

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