Les crédits bancaires durables présentés comme des outils financiers au service de la transition écologique, font l’objet de critiques de plus en plus vives. Alors que les banques accordent des milliards de dollars sous cette étiquette, de nombreuses entreprises à fort impact environnemental négatif en bénéficient, suscitant des doutes sur l’efficacité réelle de ces mécanismes.

Entre 2018 et 2023, les banques ont octroyé près de 1,5 trillion de dollars de prêts verts, selon des données de la London Stock Exchange. Si une partie de ces fonds a effectivement été investie dans des projets écologiques, une enquête récente du Mississippi Today et du Toronto Star révèle que plus de 286 milliards de dollars ont été alloués à des entreprises dont les activités sont loin d’être durable.

Communément appelés « Prêts liés à la durabilité (SLL) », ces prêts sont moins contraignants que les prêts verts traditionnels. Ils permettent aux entreprises de bénéficier de financements avantageux en s’engageant sur des objectifs environnementaux souvent vagues et peu structurants. Cette flexibilité est exploitée par de nombreuses entreprises sans modifier fondamentalement leurs modèles économiques.

La faiblesse de la réglementation et le manque de transparence sont pointés du doigt. Les banques, soucieuses d’afficher des engagements en faveur de la durabilité, sont tentées de gonfler leurs chiffres sans pour autant modifier profondément leurs pratiques. De plus, les sanctions en cas de non-respect des engagements climatiques sont rares et/ou peu dissuasives.

Ce constat est d’autant plus inquiétant que des efforts sont déployés au niveau international pour rediriger les financements vers des projets plus durables. Le Partenariat pour la Transition énergétique propre (CETP), lancé lors de la COP26, a ainsi permis de réduire le financement public des énergies fossiles. Cependant, ces progrès sont largement compensés par la croissance des prêts verts (privés), qui servent souvent à financer des activités polluantes déguisées.

La Financial Conduct Authority du Royaume-Uni a ainsi qualifié certains prêts verts de « peu ambitieux ». Une étude de Moody’s confirme que seulement 42% de ces prêts ont un impact environnemental réel. Ces révélations mettent en lumière les pratiques de « greenwashing » de certaines entreprises, qui utilisent les prêts verts comme un simple outil de communication pour masquer leur inaction climatique. Des géants comme BP et Shell, après avoir obtenu des financements importants, ont revu à la baisse leurs engagements en faveur des énergies renouvelables.

Face à ces pratiques, des voix s’élèvent pour réclamer une régulation plus stricte des prêts verts. Les autorités de régulation financière doivent mettre en place des critères clairs, vérifiables et mesurables pour évaluer l’impact environnemental de ces prêts. Les entreprises doivent également rendre compte de leurs engagements en matière de développement durable.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *