La dix-septième réunion de la Conférence des parties à la Convention de Bâle, qui s’est ouverte ce lundi 28 avril à Genève, se poursuivra jusqu’au 9 mai avec les réunions des Conventions de Rotterdam et de Stockholm. La régulation de la production et du commerce des substances et des résidus chimiques et dangereux seront au cœur des débats.
Un rapport des Nations Unies tirait la sonnette d’alarme en 2022, estimant la production mondiale de déchets électroniques à 62 millions de tonnes. Une trajectoire inquiétante prévoit une augmentation exponentielle de ces déchets à 82 millions de tonnes d’ici 2030. Seulement 22% de ces montagnes outils/composants obsolètes est effectivement recyclé. Le reste s’échoue trop souvent sur le sol africain, contaminant sournoisement les populations, les terres, l’air et les ressources hydriques et exerce une pression considérable sur les différents États, qui peinent déjà à mettre en place des systèmes de recyclage des déchets efficaces.
Paradoxalement, la Convention de Bâle, entrée en vigueur en 1992, stipule une interdiction formelle de l’exportation de déchets dangereux d’un pays vers un autre. Pourtant, la réalité du est tout autre, comme l’exprime Edem D’Almeida, fondateur togolais d’Africa Global Recycling. De nombreux pays occidentaux continueraient d’acheminer leurs équipements hors d’usage vers l’Afrique, en les maquillant sous l’étiquette trompeuse de matériel d’occasion.
La quantité réelle de déchets électroniques présents sur le continent africain est largement sous-évaluée, car elle ne prend pas en compte ce flux informel et déguisé. Pour Edem D’Almeida, la responsabilité incombe en premier lieu aux États africains ; ils doivent impérativement renforcer la surveillance de leurs frontières pour empêcher que le continent ne devienne une poubelle électronique. La gestion saine et durable de ces déchets sera un point inévitable des négociations lors de cette dix-septième conférence des parties à la Convention de Bâle.
Pour rappel, la Convention de Bâle est un instrument juridique international conçu pour encadrer le transfert et le traitement des déchets dangereux. Son adoption en 1989, puis son entrée en vigueur trois ans plus tard, sont nées d’une prise de conscience aiguë des menaces considérables que représente une mauvaise gestion des déchets dangereux pour l’environnement et la santé humaine.
Les Conférences des parties aux Conventions BRS (Bâle, Rotterdam et Stockholm) jouent un rôle déterminant dans la régulation de la production et du commerce des produits et déchets chimiques et dangereux. Ces discussions interviennent à un moment critique, où l’étendue de la contamination par les polluants dits ‘‘éternels’’, les fameux PFAS, s’aggrave au quotidien. Parmi les enjeux de ces réunions figure notamment la possible inscription de trois nouveaux polluants persistants sur la liste noire de la Convention de Stockholm.
La règle du consensus, qui accorde un droit de veto à chaque pays, et l’influence des groupes de pression industriels et chimiques représentent des obstacles potentiels à des décisions strictes et pérennes.
Parallèlement, bien qu’il ne soit pas formellement à l’ordre du jour, la question du plastique devrait s’immiscer dans les débats.