Les polluants organiques persistants (POPs), substances chimiques dangereuses et remarquablement résilientes, représentent une menace croissante pour la santé humaine et les écosystèmes à l’échelle planétaire. Capables de persister longtemps dans l’environnement, de se propager largement et de s’accumuler tout au long de la chaîne alimentaire, ces composés toxiques, incluant des pesticides, des produits industriels et des sous-produits involontaires, posent un risque significatif.
La Convention de Stockholm, entrée en vigueur en 2004, entend essentiellement réduire ou éliminer les rejets de POPs à l’échelle mondiale. À ce jour, 185 pays ont ratifié cette convention, et 34 POPs sont répertoriés, incluant des pesticides (17), des produits chimiques industriels (15) et des sous-produits non intentionnels.
L’Afrique subsaharienne, où 61% de sa population active (384 millions de personnes sur 626 millions) dépend de l’agriculture, est particulièrement vulnérable à l’impact des POPs. Ce secteur vital, qui emploie 65 à 70% de la population active du continent et contribue à 30-40% du PIB, est directement menacé.
L’usage croissant de pesticides en Afrique, prouvé par une augmentation de 175% entre 1990 et 2021, exacerbe ce problème. L’Afrique est le témoin de 11 000 décès chaque année, liés aux toxines de pesticides (sans regard sur les méthodes d’utilisations). De plus, la pollution des sols réduit la fertilité, affectant les rendements agricoles et la résilience face aux changements climatiques, tandis que la perte de biodiversité perturbe l’équilibres écologiques.
Par ailleurs, Une étude conjointe du PNUE et de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) menée entre 2016 et 2019 a analysé des échantillons de lait maternel dans 43 pays, révélant la présence de POPs dans tous les échantillons.
Alors que les ventes mondiales de produits chimiques devraient atteindre 6,6 billions d’euros d’ici 2030, dont beaucoup pourraient éventuellement devenir des POP, les gouvernements africains devraient renforcer leur expertise et leurs réglementations pour évaluer rigoureusement les produits importés, en particulier les substances chimiques, afin d’anticiper et de minimiser les risques potentiels pour la santé humaine et l’environnement, tout en considérant les besoins agricoles et économiques. Les citoyens doivent être sensibilisés aux risques et encouragés à utiliser des alternatives plus responsables quitte à les produire localement.