La COP 30, qui s’est achevée le samedi 21 novembre 2025 à Belém, devait marquer l’histoire comme la « COP des forêts ». Au cœur de l’Amazonie brésilienne, l’ambition était de faire des écosystèmes tropicaux des sanctuaires et de valoriser leurs gardiens ancestraux. Au final, le sommet laisse un goût d’inachevé, un texte final mitigé, des engagements financiers en deçà des attentes, et un silence préoccupant sur la transition énergétique mondiale.

Le document final, baptisé « multirao », ne comporte aucune mention explicite de sortie des énergies fossiles. Si plus de 80 pays espéraient, dans la continuité de la COP 28, sécuriser une feuille de route claire pour s’éloigner des hydrocarbures, cette ambition s’est heurtée au réalisme géopolitique. Une coalition menée par l’Arabie saoudite et la Russie a eu raison des ambitions les plus fermes, réformant la transition en une initiative volontaire.

Ce compromis diplomatique maintient le monde sur une trajectoire de réchauffement de 2,5°C, s’éloignant de l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris.

Les discussions sur le « Mécanisme de transition juste » ont passé sous silence les conditions d’extraction des minerais critiques, comme le cobalt en République démocratique du Congo, indispensable aux batteries électriques et aux technologies d’énergie renouvelable.

Mohamed Adow, du think tank Power Shift Africa, a souligné qu’effacer cette réalité du texte est « éthiquement et politiquement indéfendable ». Sans financement dédié ni régulation, le poids de l’extraction des ressources continue de peser sur des communautés vulnérables et un environnement déjà fragilisé.

Le bilan pour le continent africain n’est toutefois pas nul d’avancées. Symboliquement, l’Éthiopie a été désignée pour accueillir la COP 32 en 2027, et des avancées technologiques, comme la plateforme de vérification d’Accord de Paris par IA du Malawi, ont été saluées.

L’objectif de tripler le financement de l’adaptation pour atteindre 120 milliards de dollars par an est repoussé à 2035. Un horizon lointain et une somme qui reste modeste face aux besoins réels estimés à 360 milliards de dollars annuels. L’absence de caractère contraignant de cette promesse laisse planer le doute sur la capacité des Plans nationaux d’adaptation à se concrétiser rapidement.

Grâce à la Norvège, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et le Portugal, le front amazonien a pu lancer la Tropical Forest Forever Facility (TFFF) avec 5,5 milliards de dollars d’engagements initiaux dont 20 % seront orientés vers les peuples autochtones. A terme, le fond vise les 125 milliards. Toutefois, les négociateurs n’ont pas réussi à imposer une feuille de route obligatoire contre la déforestation, se rabattant sur un cadre volontaire qui risque de ne pas suffire à contenir les feux et les déboisements massifs.

La convergence aérienne de milliers de délégués vers Belém a généré des émissions massives de dioxyde de carbone, et le déboisement d’une zone forestière a été nécessaire pour ériger les infrastructures d’accueil. À l’ère de la visioconférence, de l’IA et des outils numériques capables d’organiser des négociations complexes à distance, cette démonstration de moyens pour aboutir à des engagements volontaires non contraignants semble vile.

Le président brésilien Lula a déclaré que « la science a prévalu, le multilatéralisme a gagné ». Mais quelle victoire quand le texte final se contente d’inviter les pays à viser « la pleine mise en œuvre des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) tout en s’efforçant de faire mieux » ?


Comme l’a reconnu Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, parvenir à un consensus en période de fractures géopolitiques est plus difficile que jamais. Peut-être est-il temps d’admettre que le format actuel des COP, conçu dans les années 1990, ne répond plus aux urgences du XXIe siècle ni aux exigences d’une action climatique véritablement juste et efficace.

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