L’urgence écologique ne se mesure plus seulement en termes de réchauffement climatique, mais également par une marée d’extinction tout aussi violente.
Les indicateurs scientifiques actuels attestent que le taux d’extinction des espèces est désormais 1 000 fois plus élevé que le taux naturel, menaçant près d’un million d’espèces à court terme. Cette chute vertigineuse de 68 % de l’indice Planète vivante depuis 1970, constitue une menace directe pour la stabilité économique mondiale.
C’est pour endiguer cette hémorragie que 188 pays se sont accordés durant le Cadre mondial de la biodiversité, sur l’objectif de protéger 30 % des terres et des mers à l’horizon 2030. Toutefois, les données révèlent que la réussite diplomatique, dite du « 30×30 », dépendra largement de notre capacité à transformer les secteurs les plus impactant, à commencer par celui des infrastructures routières.
Comment déployer les réseaux de transport nécessaires au développement sans compromettre irrémédiablement les écosystèmes ?
Jusqu’ici, les décideurs naviguaient souvent à l’aveugle, s’appuyant sur des cartes obsolètes ou focalisées uniquement sur les vertébrés, omettant une immense part de la biodiversité. Cette ignorance peut désormais être combler grâce au croisement de l’intelligence artificielle et du Big Data. En mobilisant les ressources du Système mondial d’information sur la biodiversité (GBIF), une nouvelle base de données mondiale permet dorénavant de surveiller un spectre taxinomique inédit de plus de 600 000 espèces, incluant pour la première fois de manière exhaustive les plantes, les invertébrés et les champignons.
Cette transparence de l’information en temps réel permet de passer d’une logique de constatation des dégâts à une logique de déviation préventive. La méthodologie développée offre aux responsables de la planification routière un outil d’analyse spatiale de haute précision. En appliquant une zone tampon de 2,5 km de part et d’autre des tronçons envisagés, il devient possible de modéliser l’impact écologique direct des projets. Ce signale la présence d’espèces; il hiérarchise les risques en identifiant les zones cruciale d’endémisme, où la perte d’habitat serait irréversible.
L’apport de ces nouvelles données permet d’associer les impératifs de génie civil avec les impératifs de conservation identifiés sur une grille haute résolution couvrant 190 pays.
