L’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER) a organisé une visite sur le site du projet pilote de production de Biodiesel à Sokou-Obou, en Côte d’Ivoire, le 10 mai 2024. Cette visite a permis d’observer les avancées concrètes de ce projet novateur, qui vise à valoriser les sous-produits agricoles en biocarburant.

Financé par SWEDFUND, institution suédoise de financement du développement, ce projet ambitionne de mettre en place une production industrielle de Biodiesel à grande échelle en Côte d’Ivoire. Il s’inscrit dans une démarche de valorisation de la biomasse agricole depuis 2007, comme l’a souligné le Directeur Général de l’ANADER, Dr. Sidiki Cissé.

Les équipes techniques ont réussi à produire du Biodiesel à partir de graines d’hévéa, produits non comestibles à usage industriel. Ce Biodiesel sera prochainement testé dans les autobus de la Société de Transport Abidjanais (SOTRA).

Au vu des résultats prometteurs de la phase pilote, les acteurs du projet souhaitent lancer la phase industrielle. Cette phase nécessitera environ 15 000 tonnes de graines d’hévéa par an, ce qui représente une opportunité pour les producteurs locaux.

Le projet de production de Biodiesel permettra de créer des emplois, de stimuler l’économie locale et de réduire la dépendance aux énergies fossiles dans plusieurs secteurs

Cependant, si la production de Biodiesel à partir de graines d’hévéa présente des avantages environnementaux contrairement aux carburants fossiles, il est important de considérer son impact environnemental global, qui ne se limite pas qu’à la simple extraction de la biomasse.

En effet, la culture intensive d’hévéas pour la production de Biodiesel peut entraîner une déforestation à grande échelle, menaçant la biodiversité et les sols. L’utilité non comestible de la culture d’hévéas pour produire du carburant peut encourager l’utilisation d’engrais et de pesticides chimiques, pollueurs des sols et des eaux. De plus, le processus de production de Biodiesel lui-même génère de l’oxyde d’azote (NOx).

De ce fait, le gouvernement ivoirien devrait, à cette phase teste anticiper l’élaboration de certifications des plantations d’hévéas selon des normes environnementales strictes ; Mais aussi, assurer la mise en place des systèmes de gestion des déchets solides et liquides pour contrôler la pollution.

Toutefois, une étude européenne a révélé que les biodiesels, issus de l’huile de soja et de palme, seraient respectivement « deux et à trois fois plus émissifs » que le diesel. Ce carburant, obtenu à partir d’huile végétale vierge, générerait « 80% d’émissions en plus que le diesel fossile qu’il remplace ». (Boughriet, 2016)

Il est donc impératif d’adopter une approche 360 degré et d’évaluer l’impact environnemental complet, de la phase de production de  biodiesel obtenu par les graines d’hévéa (plantation), jusqu’à élimination de ses déchets ; Car, l’objectif du voyage vers une transition énergétique plus verte n’est pas d’adopter une solution biologique nocive, mais plutôt de comparer objectivement le Biodiesel aux carburants fossiles et d’évaluer si il représente une réelle avancée écologique.

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